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ÉLOGE DE LA PEUR ? /
ÉLOGE DU COURAGE ?

Sujets création avril 2022

I. ÉLOGE DE LA PEUR ?

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Le cri -  Edvard Munch

Comme la tristesse, la joie ou la colère, la peur est l’une de nos émotions primaires : une réaction à un événement qui affecte tout à la fois :

 

  • notre psychologie ;

  • notre corps.

 

Une émotion se ressent et s’exprime sans délai, dès l’identification de l'événement déclencheur : moins d’un dixième de seconde dans le cas de la peur.

 

Les émotions sont des puissants marqueurs de notre mémoire et parmi elles, la peur est la plus grande.

 

Impossible de ressentir une autre émotion en même temps que la peur, quand la peur nous vient.

 

 La peur l’emporte sur tout 

 

et même sur la plupart de nos besoins vitaux, comme la faim, la soif, le sommeil, le désir… 

 

Quand la peur nous submerge, on ne contrôle même plus sa vessie !

 La peur vue par Dario Argento, le maître de l’angoisse au cinéma : 

Si mystérieuse, terrible et honteuse soit-elle, la peur est la plus ancienne et la plus fidèle compagne de notre espèce.

L’humanité n’étant ni la plus robuste ni la plus rapide, ni même, loin de là, la plus effrayante (pas assez de poils pour tricher sur le gabarit et impressionner un agresseur d’une autre espèce, pas de croc à montrer, de poitrail à faire résonner…), elle doit sa survie à la peur.

 

Comment aurions-nous pu, sinon :

 

  • fuir à temps ;

  • se préserver des éléments naturels ;

  • anticiper les dangers ?

 

La peur a permis à notre espèce de tracer les limites à ne pas dépasser pour survivre.

Pour autant, l’humanité n’a su se développer qu’en approchant ces limites et en trouvant toujours des solutions nouvelles pour les dépasser au fur à mesure que la frontière recule.

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Homo erectus, représentation d’artiste

Homo erectus, il y 400 000 ans, est allé au-delà de la peur instinctive du feu pour le capturer et l’entretenir afin qu’il ne s’eiteigne plus, et cette domestication du feu a permis de pénétrer et occuper les cavernes pour mieux s’y protéger et de colonniser les régions froides de la planète.

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Depuis nos origines les plus anciennes, nous tissons une relation ambigüe avec nos peurs.

 

siècle après siècle, nos peurs ont évolué, évoluent encore, en fonction :

 

  • des croyances ;

  • de la nature des dangers réels encourus.

 

exemples :

 

  • la peur de la peste noire a  été remplacée par la peur du choléra, de la tuberculose, de la syphilis… celles-ci, pour l'essentiel, ont été remplacées à leur tour ;

 

  • récemment par exemple la peur du covid à son apparition a pris le-dessus ;

 

  • en occident, la peur liée aux crises financières a remplacé celles de la famine ;

 

  • on a eu peur des Sarrasins, du diable, des écorcheurs, puis des nazis, maintenant de Poutine, de l’extrême droite…

 

 Les peurs changent, oui, mais LA peur reste ! 

Depuis 1945, l’Europe occidentale est pacifiée, la prospérité de cette région du monde n’a cessé de croître, de faire reculer notre exposition aux risques, dont elle a allégé la nature.

 

(même si nous découvrons désormais, et trop lentement, l’étendue des dangers auxquels cette prospérité finalement nous expose : les désastres commencés du réchauffement climatique)


Nous sommes mieux, voire très, protégé.e.s, et l’espérance de vie aujourd’hui dépasse 80 ans. Elle atteignait péniblement les 50  ans au début du XXe siècle.

Pourtant, nos sociétés occidentales n’ont jamais semblé aussi peureuses qu’aujourd’hui.

 

Malgré la longue absence de guerre en Europe (elle y est cependant revenue la fin février 22), malgré l’absence de famine ou d’épidémie :

 

¼ environ des adultes déclarent souffrir de peurs excessives qui sont, après la dépression, les premières causes actuelles de fréquentation des psychologues et des psychiatres.

 

 Nous sommes des peureu.ses.x aggravé.e.s. 

Ce gonflement permanent de la peur est-il bien ce qui nous permettra d’évoluer encore ? 

Finirons-nous par avoir peur de tout ?

Peur de la vie même ?

et jusqu’à nous en trouver paralysé.e.s ?

 

d’après Gérard Guerrier

II. ÉLOGE DU COURAGE ?

A. les représentations héroïques

Pourquoi toujours des chevaux dans les représentations du courage ?

les chevaux sont pourtant de sacré trouillards…

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Portrait équestre de Joachim Murat

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Peinture Kehinde Wiley

Universellement célébré, le courage n’est ni stable ni modéré et encore moins plaisant.

 

On ne fait appel à lui que dans des circonstances difficiles, souvent douloureuses et parfois périlleuses.

Le courage a :    

> l’odeur de la poudre  

>> le goût du sang   

>>> et de la sueur. 

B. Les récompensés 

Au contraire d’autres vertus plus commodes et accessibles – comme la tolérance ou l’humilité –, le courage est souvent lui-même encouragé avec :

 

  • des breloques ;

  • des inscriptions au tableau d’honneur ;

  • des titres de noblesse ;

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C. Les engagés 

Mais la véritable aristocratie ne serait-elle pas celle des femmes et des hommes qui agissent courageusement en dehors des honneurs ?

D. l’ordinaire et le spontané 

Aussi bien, le boulanger qui tous les jours doit se lever à 3 h du matin  ?


En Amérique du Nord, la fondation Carnegie recense depuis 1904 ces héros civils qui ont risqué leur vie sans obligation de devoir, sans préparation, sans être particulièrement équipé.e.s, pour sauver d’autres personnes.

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On se souvient, en France, de  Mamoudou Gassama, un jeune Malien qui  a effectué un acte de courage remarquable, en escaladant la façade d’un immeuble de quatre étages, sans aucune sécurité, pour sauver un enfant de 4 ans suspendu dans le vide.

E. Panthéon 

Chaque société, chaque époque a besoin de son panthéon de braves 

 

  • pour illustrer sa morale et son récit ;

  • pour moraliser sans faire la morale.

 Héros de légende ou héros bien réels 

 

du Moyen Âge à nos jours :

 

  • Richard Cœur de Lion ;

  • Jeanne d’Arc ;

  • le chevalier Bayard ;

  • Guillaume Tell

 

plus près de nous

  • Georges Guynemer

  • Jean Moulin

  • Rosa Parks

  • Mandela

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F. Courages et cultures 

Si le courage est célébré de tout temps et en tous lieux, son sens et sa valeur varient suivant les cultures et les civilisations.

Le courage tapageur du gagnant, loué aux États-Unis, et désormais en France, n’est guère prisé par les Japonais qui privilégient le courage anonyme et modeste au service de la collectivité, quitte, pendant la Seconde Guerre mondiale, à sacrifier de jeunes gens lors de missions suicides. Une idée inconcevable en Occident.

Faute de définition commune ou plutôt face à la multiplicité de ses définitions, le courage se prête à de nombreuses manipulations.

À force de tirer dans tous les sens, selon les intérêts de chacun, la vertu de courage finit par sonner creux.

G. show business du Courage 

Où se trouve aujourd’hui le courage ?


Chez Mike Horn, quand il traverse l’Antarctique à ski et en kitesurf, tout en sachant qu’il peut, en cas d’urgence, communiquer avec une équipe d’assistance ?

Chez Alex Honnold, le grimpeur californien qui gravit, sans aucune assurance, un mur de granit vertical haut de 700 mètres après l’avoir reconnu une dizaine de fois ?

Chez Géraldine Fasnacht, quand elle saute dans le vide en maîtrisant tous les paramètres ?

Ces aventuriers et sportifs extrêmes sont-ils courageux ou ne sont-ils que des cascadeurs, des ingénieurs de la prise de risque, voire des représentants de commerce faisant fructifier leur épargne d’exploits pour mieux en vivre ?


 

 

 

Où réside le courage entre un projet mûrement préparé où rien n’est laissé au hasard et l’inconsciente témérité ?

 

 

 

 

 

Comment faire la différence entre l’acte courageux, la tartarinade et le tour de passe-passe, lorsque les images se prêtent à tous les bidouillages, ou quand l’acteur est le seul narrateur ?

 

Où se situe l’authentique courage ? 

 

Comment l’identifier, l’étudier et le mesurer ?

 


 

 

Si les chercheurs en neurosciences ont largement défriché le champ des émotions et de la peur, ils semblent bien démunis face au courage. 

 

Comment étudier quelque chose que l’on ne sait pas définir avec précision ? 

Comment saisir une étincelle qui s’évanouit après l’action ?

 

Le courage ne serait-il qu’une mystification qui se transmet de génération en génération ?

d’après Gérard Guerrier

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