Mai 2023
Semaine 7 de Création
SUJET
LE SACRÉ, L’ART ET LA NATURE
Le sacré est une forme de respect intense envers quelque chose que l'on perçoit comme supérieur, qui nous dépasse et dont on craint les effets.
1. Nous (les humains) avons initialement sacralisé la nature. Mais avec le temps, nous avons développé des outils et des techniques pour optimiser notre action sur elle, pour réduire sans cesse ses contraintes, réduire notre dépendance de ses effets et améliorer notre confort (du moins le pensions-nous), par recherche constante de l'efficacité maximale qui au fil du temps est devenue une valeur quasi absolue, LA valeur, et nous avons donc tout à la fois désacralisé la nature et sacralisé la technique, qui est devenue le cadre de vie. La technique, incluant l'automation et l'informatique, maintenant l’intelligence artificielle, s’est muée elle-même en un objet de sacralisation à part entière, au même titre que la nature l'était autrefois.
Dans le même mouvement de glissement du sacré de l’objet à l’outil, l’art qui fut ce qui permit au sacré d’exister, d’avoir une forme, une représentation, une histoire, d'être porté à la connaissance de la collectivité, s’est trouvé sans autre objet que lui-même, et s’est alors auto-sacralisé. Les rites associés au sacré avaient nécessité des lieux, des objets, des prières, des textes... que l’art se chargeait de fournir ; il les a finalement retournés vers lui-même et dédiés à l’expression de son propre culte.
2. Mais à partir de la fin du XXe siècle la prise de conscience de l'impact négatif de l'activité humaine sur le monde et sur tous ses éléments naturels, la mesure et l'évaluation des conséquences effectives ou potentielles de ce déséquilibre pour l'humanité ont ravivé la crainte d'une nature désormais déréglée et altérée. Cette prise de conscience pourrait bien contribuer à un changement de perspective et promettre un retour à la sacralisation de la nature, à nouveau comprise en tant qu'elle est le lieu fondamental de notre existence, plutôt qu’une simple ressource à exploiter.
La recherche de modes de vie plus respectueux de la nature et de l’ensemble des êtres qu'elle porte à la vie, engage une réévaluation des valeurs et des priorités de notre société. Quel est et quel sera, dans les années à venir, l’impact sur l’art de ce retour aux sources du sacré ? L’art pourra-t-il devra-t-Il (re)devenir l’outil d’un second sacre de la nature. Comment voyez-vous cela ?
PRINCIPES
⇒ votre création pourra prendre la forme d’un film, d’une pièce de théâtre, d’une conférence, d’une exposition, d’une performance, ou une autre forme encore... elle pourra faire appel à tous les arts ou à un seul — voire aucun, c’est à votre choix, mais il sera essentiel que chaque dimension ajoutée à votre œuvre soit assumée avec une même exigence manifeste ;
⇒ vous œuvrerez en coopération (3 étudiant·e·s ensemble au minimum), mais chacun·e d’entre vous pourra participer à plusieurs créations et donc coopérer avec plusieurs groupes de personnes ;
⇒ pour votre création principale, vous ne vous associerez pas à des personnes avec lesquelles vous avez déjà plusieurs fois coopéré lors des semaines de création précédentes ;
⇒ sauf si la réalisation de l’œuvre l’imposera ou un moment de celle-ci le réclamera (ex : un tournage), le grand atelier de LFKs restera le lieu de rencontre pour les différentes équipes de fabrication des créations durant la
semaine ;
⇒Les restitutions auront lieu en public le vendredi 23 mars 2023 en après-midi à la salle Seita de la Friche Belle de Mai, de 14:00 à 16:30.
QUELQUES REFERENCES
Pina Bausch
1940 / Solingen, Allemagne
Danseuse et chorégraphe
Pina Bausch commence ses études en 1955 à l’École Folkwang d’Essen, sous la direction de Kurt Jooss. Après son examen final en 1958, elle obtient une bourse pour séjourner à New York. Étudiante à la Juilliard School of Music, elle danse en même temps dans la compagnie de Paul Sanasardo et Donya Feuer. Elle est ensuite engagée au New American Ballet et au Metropolitan Opera Ballet de New York. Elle se produit également avec la Paul Taylor Dance Company. Elle rentre en Allemagne en 1962, appelée par Kurt Jooss à devenir soliste au Folkwang Ballett qu’il vient de fonder. En 1968, elle réalise ses premières chorégraphies pour cette compagnie (qui prendra ensuite le nom de Folkwang Tanzstudio) : Fragments, Im Wind der Zeit / Dans l’air du temps.
En 1970, elle devient responsable du Folkwang Tanzstudio. De 1983 à 1989, elle assure également la direction de l’enseignement de la danse à la Folkwang Hochschule. Elle produit en 1971 et 1972 Nach Null, Wiegenlied, puis Aktionen für Tanzer, et la Bacchanale de Tannhaüser pour l’Opéra de Wuppertal. Le Tanztheater Wuppertal naît en 1974, avec lequel Pina Bausch crée une à deux pièces par an, dont Café Müller, Kontakthof et Nelken. À partir de 1986, le Tanztheater Wuppertal voyage à travers le monde entier, créant de nouvelles pièces dans différents pays d’accueil.
En juin 2009, cinq jours après l’annonce d’un cancer fulgurant, la chorégraphe disparaît à l’âge de 68 ans. Elle laisse derrière elle une œuvre internationalement reconnue.
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
Ágnes Dénes
1931 / Budapest, Hongrie
Artiste multimédia états-unienne
Poétesse et peintre d’origine hongroise dans la première partie de sa vie, Agnes Denes fait ses études à la New School et à l’université Columbia de New York, puis se tourne vers l’art conceptuel et l’intervention directe sur l’environnement, qui apparaît comme un aboutissement. Elle s’inscrit dans le courant du land art alors émergent aux États-Unis, auquel elle adjoint une pensée philosophique complexe, reposant sur un cycle à maintenir et/ou à rétablir par l’art, entre l’ordre et le chaos. Loin de s’en tenir à des gestes esthétiques grandioses comme certains de ses collègues américains, A. Denes pousse à son terme la logique du land art : elle modifie en profondeur l’environnement, urbain ou naturel, sur une grande échelle. Son originalité consiste à investir le champ du politique, de l’économique et du social par des actions concertées.
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
Giuseppe Penone
1947 / Garessio, Italie
artiste majeur de la scène artistique internationale contemporaine
Giuseppe Penone étudie la sculpture à l’Accademia di Belle Arti de Turin. À l’âge de 21 ans, il réalise une série d’actions dans lesquelles il intervient sur le processus de croissance d’un jeune arbre. Ce travail inaugural est remarqué par le critique Germano Celant qui associe le jeune artiste au mouvement de l’Arte Povera, prônant un art libéré des pratiques et des matériaux traditionnels afin de privilégier le processus créateur au détriment de l’objet fini.
Penone s’intéresse très tôt aux possibilités du bronze ainsi qu’aux empreintes corporelles comme mémoire et matrice de l’œuvre. Son travail, ancré dans l’idée d’une interdépendance entre nature et culture, associe explorations formelles des matériaux naturels (bois, bronze, marbre, pierre, épines d’acacia...) et fragments ou empreintes de corps.
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
Mark Dion
1961 / New Bedford, Massachusetts, US
Plasticien
Connu pour ses installations complexes inspirées des Wunderkammern comme des laboratoires scientifiques, Mark Dion s'intéresse particulièrement au rapport que l'homme entretient à la Nature à travers la construction du savoir et des discours scientifiques ayant cours depuis l'Antiquité.
Ses projets se parent souvent des atours de l'expédition naturaliste, archéologique, impliquant parfois la figure de l'artiste imitant par la tenue et les gestes l'explorateur, le biochimiste, le détective ou l'archéologue. En résultent des installations que l'on rapproche volontiers des cabinets de curiosité qui se répandent en Europe au XVIe siècle, mais dont les ambitions sont tout autres. Mark Dion imite mais surtout pervertit le goût pour la classification: il emprunte les méthodes, les attributs, le vocabulaire, pour mieux interroger le savoir et le phénomène de sa monstration.
L'humour et le caractère volontiers absurde de ses œuvres révèle bien vite le désir profond de l'artiste de confronter les limites du savoir scientifique à la réalité de la Nature.
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
Subhankar Banerjee
1967 / Berhampore, Inde
artiste photographe, éducateur et activiste
Avec une maîtrise en physique et en informatique, il a travaillé dans des domaines scientifiques pendant six ans au Laboratoire national de Los Alamos au Nouveau-Mexique et à Boeing à Seattle. En 2000, sa passion d'enfance pour l'art, associée à un amour et une préoccupation profonds pour la nature sauvage et les cultures autochtones en voie de disparition, l'ont poussé à abandonner sa carrière scientifique pour se consacrer à l'art. Depuis lors, il a concentré tous ses efforts sur les droits de l'homme autochtones et les questions de conservation des terres dans l'Arctique. Ses images de l'Arctic National Wildlife Refuge et d'autres terres sauvages de l'Alaska ont attiré l'attention internationale.
Le livre de Banerjee, Arctic Voices: Resistance at the Tipping Point (Seven Stories Press, été 2012), aborde les problèmes actuels du changement climatique dans l'Arctique, la guerre des ressources et les droits de l'homme en utilisant des récits à la première personne d'activistes, d'écrivains et de chercheurs. Le volume est utilisé pour enseigner les humanités environnementales et a servi de base à d'autres projets, comme une série de poèmes haïku en 2018.
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
Tania Bruguera Fernández
1968 / La Havane, Cuba
artiste-plasticienne cubaine
Elle se consacre à la performance et à l'art vidéo. Elle partage son temps entre Chicago et sa ville natale. Plusieurs de ses œuvres, dont Estadística, se trouvent au Musée national des beaux-arts de Cuba. Elle utilise des rituels et des cérémonies pour évoquer la dimension sacrée de la nature, et s'engage également dans la défense des droits humains et de l'environnement.
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
BON TRAVAIL !
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
REVENIR À LA PAGE D'ACCUEIL
